lundi 10 août 2015

Marie Rose la virtuose discrète


 C'est les vacances, alors on en profite pour faire ces devoirs. Aller à la rencontre d'autres plasticiennenes textiles.. Aujourdhui Marie Rose Lortet.
Elle réalise des miracles textiles. Tressant sa vie, petit à petit, comme quelqu’une qui a l’éternité devant elle mais qui sait se servir des instants qu’on gâche dans les transports en commun pour accumuler de la matière première, Marie-Rose Lortet élève ses maisons d’air, tricote ses masques de laine en série, ouvre grandes ses fenêtres sur une poésie personnelle dénuée de toute grandiloquence.On imagine ce que ses yeux ont pu en voir avec son travail ! Ses yeux, ses mains. Pique, épingle, crochète et couds ! Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Et que je te natte, et que je te noue. Bonjour l’art contemporain à tige volubile ! Bonjour l’invention entrelacée à la tradition!
 Aux prémices de la naïveté et de la jeunesse s'élaborent « les masques » pour effrayer et calmer les mauvais esprits de l'inconnu. S'ensuivent les longues épopées des « territoires de laines » où les mailles par accumulations formèrent soudain des boursouflures, des excroissances, naquirent « des montagnes dévoreuses de fenêtres… » les araignées ne font pas de fausse maille. Débuta alors, l'époque des fenêtres, petites constructions délicates où se mêlent l'ancien et le nouveau pour nous offrir d'autres horizons. Puis s'érigèrent les sublimes architectures de fils : "paysage cérébral ", architectures de nuages, matérialisation des associations mentales, oeuvres rares dans l'histoire de la sculpture car peu d'artistes ont travaillé ainsi l'intelligence du vide avec autant de brio. C'est la "sculpture réinventée ", où l'on oublie la masse matière pour laisser place à l’âme. Ce n'est ni le poids ni la mesure qui fait l'œuvre sinon l'espace qu'elle nomme, par ses vides. La poésie première des mémoires de la rétine.
Avec la maîtrise la plus précieuse et l'acquis de tant d'écritures textiles, elle passe des grands formats aux miniatures en « tricotant à l'épingle » des habits bigarrés pour les rêves inouïs des souris oubliées et chassées de nos demeures. Souris des champs en habits de ville. Vêtements de pluie pour des souris aviateurs.les mimiques sont des clins d'oeil qu'elle fait à son époux Jacques Lortet (1 946/2005) unis dans le trait millénaire du pinceau et de l'ajout de la mimique de fils. La trace de l'intention picturale, rehaussée d'un sourire.
Avec « les petits Fragonards » les personnages semblent s'évader hors du cadre. Le personnage devient principal, il s'échappe, plus défini que jamais ; comme réalisé. Ce qui, autrefois, se perdait, se confondait dans un décor onirique et enfantin, aujourd'hui se dessine et s'émancipe vers une nouvelle maturité. Dans les mains de cette artiste particulière, tout peut être tissé, cousu, tressé, emmêlé.
 Ariane ne devrait donc pas trop laisser traîner son fil car au hasard d'une rencontre avec Marie-Rose Lortet celle-ci risquerait de s'en emparer, et de multiplier les possibilités de trouver un chemin vers la liberté.

Chapeau bas Madame !


Voici les sources de ce beau texte ...http://www.et-alors.org/dossier-les-Artistes/M-R-Lortet-2008.html

 

 

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